« Il faut être à la fois poète et paysan » Lindsay Owen-Jones.
Qui y-a-t-il en commun entre LOréal, Ricard, Chupa-Chups, Louis Vuitton, Château Mouton Rothschild, La Caixa, PPR..., ces marques/groupes, qui sont le plus souvent leader (ou challenger actifs), mettent l’art au cœur de leur stratégie et, ce avec succès.
Si traditionnellement le succès de leentreprise est lié à sa bonne gestion, la stratégie de marque met en avant deautres facteurs de succès : leimaginaire, l’identité, la dimension symbolique, l’émotionnel, le désir, la sensorialité, l’esthétique, la théâtralisation, leinnovation, la différenciation et leoriginalité
Dès-lors, le défi dune gestion performante, se rapprochant de l’excellence, est de maîtriser à la fois le rationnel (analyser, compter, gérer) et l’intangible (l’irrationnel?). On comprend alors mieux la portée de la citation de Lindsay Owen-Jones, un bon responsable d’entreprise/dirigeant doit avoir une sensibilité « artistique, créative » afin de comprendre l’imaginaire de son produit, de sa marque, son sens profond, son territoire émotionnel... Il doit également décoder les images, les mots, les couleurs, les expériences Et s’imprégner des tendances, sentir le premier ce qui va plaire.
Sil existe quelques cas de patrons/dirigeants ayant une forte sensibilité artistique, Paul Ricard, Ettore Bugatti, Walt Disney, le plus souvent le dirigeant est, ou doit se faire visionnaire; son mode de pensé et son regard doivent « voir l’invisible », s’ouvrir à l’immatériel, aux concepts, aux idées. Ce n’est pas par hasard si François Pinault et Bernard Arnault se sont intéressés à lart contemporain. Il y a en eux, une synergie entre l’intelligence de leur vision du marché et leur ouverture à l’art contemporain, c’est à dire, à la complexité du monde et à sa nécessaire médiatisation, à sa mise à distance pour mieux l’analyser, le comprendre, l’appréhender; pour mieux le maîtriser.
Les artistes et leurs visions peuvent être source de savoir, de pouvoir et de stratégie (s). L’indispensable revitalisation de limage de marque de Louis Vuitton et de sa mythique toile monogramme, doit beaucoup à la collaboration avec Takashi Murakami, artiste japonais issu de la génération Manga, au style coloré, dynamique, ludique. Cette collaboration réussie a eu pour effet de doper les ventes et peut-être surtout de moderniser l’imaginaire de la marque, l’ouvrant ainsi sur de nouveaux territoires, de nouvelles perspectives, d’autres publics
La collaboration avec un artiste ne va pas de soi, elle induit une bonne culture artistique et une vision stratégique de sa marque/entreprise. Le dirigeant doit se faire visionnaire.